Créer un jardin thérapeutique enrichi

Les étapes clés et les solutions pour un projet réussi

Comment créer un jardin thérapeutique enrichi. Un jardin thérapeutique doit intégrer dès sa conception plusieurs facteurs :

  • la combinaison de la dimension santé et paysagère
  • ses conditions d’utilisation par les patients, les résidents, les aidants et les soignants
  • Ce jardin s’inscrit il dans :
    • un établissement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD)
    • une résidence autonomie
    • FAM ou MAS
    • IME
    • CMPAA
    • un hôpital

Ci joint un lien utile

Ce que nous pouvons vous apporter:

  1. Identifier les missions du jardins en fonction du profil des résidents et des contraintes environnementales:
    • Des principaux enjeux en terme de bien-être et de santé à partir du diagnostic de la population accueillie et de son évolution
    • Les besoins d’interaction sociales dans le jardin
    • L’identification des missions thérapeutiques du jardin qui définiront le mode d’enrichissement
  2. Qualifier l’emplacement idéal dans votre établissement pour l’implantation d’un jardin thérapeutique enrichi en tenant compte de:
    • L’accessibilité pour le plus grand nombre avec facilité
    • Sa visibilité du jardin depuis l’intérieur du bâtiment (chambres, circulations, salons, restaurant)
    • Facilité d’accès pour sa mise en oeuvre et les interventions d’entretien
    • La compatibilité de l’environnement (exposition, nature du terrain et profondeur, profils) pour permettre le développement harmonieux des végétaux
    • La surface nécessaire en cohérence avec l’autonomie et la mobilité des résidents
  3.  A l’issue de cette phase de diagnostic nous vous remettons un dossier projet qui donne une vision concrète des éléments recueillis

Ce qui permet de tracer les principaux axes du jardin avec des outils spécialisés d’infographie paysagère :

un jardin thérapeutique enrichi

Un ensemble de plans dans un document de synthèse vous est alors présenté et un travail de concertation avec l’équipe projet permet de finaliser le contour et le contenu du projet tels que :

  • Formation de la palette végétale et répartition
  • Choix définitif des modules d’enrichissement retenus et optimisation de leur ergonomie et de leur emplacement
  • Répartition des espaces de repos et de rencontres
  • Description et validation des éléments d’ergonomie et d’accessibilité du jardin (rampes d’accès, points d’appui, hauteurs et formes des mobiliers)
  • Revue des enjeux de sécurité pour les résidents et les soignants
  • Choix des couleurs et des matériaux utilisés

Chiffrage du projet de jardin thérapeutique enrichi et financement:

  • A partir de base de données et de consultations d’entreprises paysagères de proximité, nous vous fournissons une estimation budgétaire optimisée de l’ensemble du projet. Ce budget comprend sa mise en oeuvre et les coûts des différentes solutions possibles d’entretien.
  • Si besoin et si vous le souhaitez, nous constituons avec vous un dossier argumenté de demande de financement auprès des acteurs régionaux et nationaux vers lesquels nous pouvons vous orienter

L’ensemble de ces prestations jusqu’à la recherche de financement est réalisée  gratuitement (sauf cas particulier)

Un accompagnement dans la durée du jardin thérapeutique enrichi

  • Suivi des travaux en interface avec l’entreprise paysagère que vous aurez retenu pour la réalisation – dans un rôle de maîtrise d’oeuvre ou d’assistant à maîtrise d’ouvrage(AMO)
  • Formation des professionnels de santé à l’animation et la valorisation du jardin
  • Accompagnement dans la mise en place de solution d’entretien du jardin
  • Rédaction du livret-guide du jardin thérapeutique enrichi à l’usage des soignants, aidants et résidents
  • Mise en oeuvre de protocole de recherche sur les différents enjeux identifiés dans le jardin (fréquentation, appropriation, lien social, bien-être, qualité de vie, bénéfice thérapeutique) .
  • Rédaction d’un protocole, suivi de l’étude et publications d’articles scientifiques

 

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Jardin thérapeutique sensoriel

Jardin thérapeutique sensoriel :

Quelle différence entre un jardin sensoriel et un jardin thérapeutique ?

Il semblerait que de nombreuses confusions soient possibles, à propos du jardin thérapeutique sensoriel. Ainsi, de nombreux jardins conçus comme des jardins sensoriels sont finalement qualifiés de jardins thérapeutiques  et inversement. A priori le sens est porté par l’attribut. Un jardin sensoriel se définit par une importance particulière portée à la sensorialité. C’est à dire à la valorisation des différentes formes de stimulations sensorielles: vue, odorat, toucher, goût, ouïe.  Nous développerons plus bas en quoi cette stimulation sensorielle participe ou peut participer d’une démarche thérapeutique.

Cependant, un jardin thérapeutique est un concept mal défini quant à ce qui le constitue, mais suggère que son design participe d’une démarche thérapeutique. Lorsque l’on consulte les différentes publications à ce sujet. Il n’existe pas un consensus clair sur la notion de thérapie relative à la fréquentation d’un jardin. D’autres articles développent par ailleurs les connaissances principales acquises à ce sujet:

C’est ainsi que sans possibilité de prouver de façon claire la dimension thérapeutique d’un jardin thérapeutique, nos travaux de recherche nous ont conduit à définir le concept de jardin enrichi thérapeutique.

Jardin thérapeutique sensoriel

Celui-ci dispose à la fois d’une dimension sensorielle et d’une dimension thérapeutique.

Jardin thérapeutique sensoriel:  Pourquoi? Comment ?

La mobilité réduite de nombreux résidents signifie qu’il faut davantage d’éléments paysagers conçus pour ajouter de l’intérêt et du plaisir. Et ils devraient être placés à des intervalles plus courts. Afin de compenser les distances réduites que certains résidents peuvent parcourir confortablement. La distance réduite et la vitesse de marche lente de la plupart des résidents signifient que les espaces doivent contenir plus de variété et plus d’éléments. Ceux-ci doivent être visuellement intéressants sur une surface plus petite que ce qui serait nécessaire dans un espace conçu pour le grand public.

Cet ajustement à la mobilité suggère donc une plus forte concentration spatiale des éléments de stimulation sensorielle. Mais ce besoin de sensorialité a également d’autres justifications, qui vont conduire à l’ajuster différemment en fonction des besoins des résidents.

  • Il peut s’agir d’une adaptation à la déficience sensorielle de certains ou de tous les résidents. Ce sera le cas particulier dans un EHPAD pour personnes atteintes de cécité partielle ou totale. Mais cela concernera généralement le cas de nombreux établissements accueillant des personnes âgées souffrant de différentes altérations de la perception: souvent auditive, visuelle ou gustative.
  • Cela va concerner également une évolution de la perception sensorielle liée à l’évolution de pathologies neuro-cognitives (notamment maladie d’Alzheimer, démence à Corps de Lewy, démence parkinsonienne).
  • Cet ajustement sensoriel prendra des dimensions différentes dans le cas notamment de jardins pour autistes qui inversement pourront avoir développé une hypersensibilité notamment à la lumière ou aux sons.
  • Enfin, il a été observé que la stimulation sensorielle, au-delà du besoin de compenser certains déficits, sera un moyen de solliciter l’interaction du résident avec son environnement

Un article a été dédié à la description des moyens possibles de stimuler les sens dans un jardin. Cliquer ici

Jardin thérapeutique sensoriel : sensoriel ou thérapeutique ?

Les jardiniers anglais ont porté beaucoup d’attentions à cette notion dans la description du « sensory garden« . La fondation Thrive a fortement contribué à communiquer sur la cette dimension. De notre côté, nous restons prudents dans la qualification de thérapie, notamment lorsque l’on se trouve dans le traitement de maladies chroniques.

Très certainement, notamment pour des personnes résidant dans un lieu dominé par une forme d’architecture hospitalière. Le contraste apporté par la fréquentation d’un jardin quelque peu sensoriel, ne peut être que bénéfique. Il conviendrait cependant de soutenir cette intention avec des études scientifiques ayant valeur de preuves – ce qui manque encore aujourd’hui.

 

 

 

 

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Jardin sensoriel: quelques repères

Qu’attend on d’un jardin sensoriel et que doit on y aménager? Quelles sont les exigences mais aussi les risques à éviter en fonction des populations accueillies

Le Jardin des Cinq Sens

Il n’est pas outrancier de dire que tous les jardins sont sensoriels. Il convient cependant d’apprécier que le simple fait de qualifier un jardin sensoriel, souligne l’importance que l’on accorde à la stimulation des sens qui lui est confiée.

Bien souvent lorsque l’on parle de jardin sensoriel, on s’inspire du jardin des Cinq Sens au Moyen Age dont la littérature médiévale et l’iconographie nous a transmis quelques descriptions. Ce jardin symbolique du paradis perdu a été reconstitué à Yvoire, un village médiéval de Haute Savoie, que l’on peut visiter.

Bien souvent aussi, on confie au végétal cette mission de stimuler les 4 sens (odorat, goût, toucher, vue), laissant aux oiseaux et à une source le soin de l’ouïe.

L’intention suggérée par cette appellation de « jardin sensoriel » se fonde sur la conviction que la stimulation des sens est une base essentielle à la restauration d’émotions, de sensations précisément parce qu’elles seront inspirées par la nature.

Les plantes sensorielles

Il serait difficile de classer les  essences végétales en fonction de leur sensorialité. Certaines sont peu odorantes mais offrent une floraison très vive, d’autres ne sont ni odorantes, ni florales, mais disposent de racines, de feuilles ou de fruits au goût très marqué.

D’autres enfin présentent une texture particulière, soit sur sur leur feuillage, sur l’écorce, ou des baies: tantôt très douce, tantôt très rugueuse. Et puis il existe des essences qui offrent tout cela à la fois de façon rythmée avec les saisons.

Ce que nous percevons avec nos sens intacts est cependant bien souvent différents lorsque la perception est altérée par l’âge ou la maladie.

Nous avons vérifié cela en circulant dans des jardins réputés sensoriels équipés de simulateurs de vieillissement, et avons perçu nettement qu’il était essentiel d’ajuster le choix de la palette végétale avec cette altération de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher.

Jardin sensoriel : Toucher le végétal

Il nous est apparu qu’au delà de la sensation perçue en touchant un feuillage par exemple, ce qui importait souvent davantage c’était la différence de perception entre une feuille soyeuse et une autre plus rugueuse que l’on disposera à proximité.

Il peut être avantageux d’envisager de former des massifs avec une diversité d’essences dont la texture évolue de façon progressive par exemple depuis une grande douceur vers une grande rugosité.

Une liste ne saurait être exhaustive, on citera cependant :

les écorces et tiges intéressantes

  • Betula utilis jacquemontii (la desquamation de l’écorce avec l’Acer griseum est une source de découverte)
  • Phyllostachys nigra – le bambou noir, mais aussi les autres variétés de bambous avec leur écorce lisse,
  • Pinus mungo, la forme crevassée des écorces de pins, se retrouvent sur toutes les essences. On privilégiera des variétés dont les dimensions s’ajustent à celles du jardin
  • Rosa rugosa (texture rugueuse)
  • Gallium aparine plus souvent appelé gaillet gratteron intrigue par sa structure collante

les feuillages aux textures surprenantes

  • Stachys lanata (particulièrement soyeux)
  • Stipa tenuissima ( une graminée très tendre appelée aussi cheveux d’ange
  • Ophiopogon planiscapus Nigrescens – une vivave graminiforme au feuillage noir, surnommée « barbe de serpent »
  • Sedum spectabile : la famille des sedum est très riche et offre un choix extraordinaire de couleurs et de textures

Cette petite liste n’est qu’une invitation à explorer la richesse de la botanique qui offre des opportunités d’association de textures que l’on pourra disposer en respectant leurs compatibilités de façon par exemple à organiser une gradation de sensations qui pourront être perçues simplement en passant la main sur la surface de leur feuille.

Il convient évidemment de les disposer sur une butte ou un talus afin qu’elles soient à portée de main. A moins de proposer une expérience pieds nus, ce qui conviendra par exemple à des enfants autistes ou handicapés mais valides, en marchant sur une pelouse ou un tapis de mousse.

La suggestion de l’expérience pieds nus pour des personnes âgées dépendantes se heurte souvent à leur difficulté à se déchausser pour se rechausser ensuite.

Regarder autour  de soi

Jardin sensoriel

Le jardin s’impose lorsque l’on ne souffre pas de déficience visuelle par le regard. Tout y est l’occasion de décliner un spectacle riche en prenant garde à respecter la perception visuelle qui dans bien des cas s’avère défaillante.

C’est pourquoi, il convient de repenser l’architecture végétale afin de la rendre la plus lisible possible. Alterner avec de fortes nuances les différentes profils et horizon, mettre en valeur les formes particulières en les associant ou en les isolant, regrouper les essences par couleurs homogènes, répartir dans le jardin les hauteurs différentes.

La richesse de la flore et la diversité apportée par le rythme des saisons multiplient les possibilités.

Ainsi il sera intéressant d’associer les écorces rouges du Cornouiller (Cornus sanguinea), avec le feuillage des Heuchères (Heuchera Cherry Cola) sans oublier le feuillage d’automne que revêtent qu’offrent le Cotinus, le Sumac de Virginie ou certaines variétés d’Acer palmatum.

Les couleurs !

Rouges encore seront les fleurs de certaines Achillées ,  Echinacées, Geranium vivaces, et la liste serait bien trop longue pour qu’il convienne des les citer ici. Et l’on hésitera pas non plus pour l’hiver à mettre en valeur les baies lorsqu’elles ne sont pas toxiques.

La profusion des possibles se règle avec l’harmonie recherchée et la finesse des nuances que l’on souhaite offrir au regard.

Ainsi à la monotonie d’un massif monochrome, on préférera un dégradé progressif déclinant une couleur ou l’évolution du feuillage entre deux couleurs.

Jardin sensoriel: Les profils

Proposant une rivière végétale qui s’écoulerait depuis un lierre bicolore (jaune et blanc ou vert et blanc) vers un lit bordé d’Aegopodium podagraria dont l’association de vert et de blanc sur les feuilles sera rythmée par les verts plus vifs de la Festuca glauca, pour évoluer ensuite sur des ilôts d’Hosta, bordés de Lamium maculatum

Les rives de cette rivière végétale pourront être suivant le terroir être bordées d’Hackonechloa ou d’Ophiopogon. Cet exemple n’est qu’une suggestion pour illustrer l’intention. Le fait même d’offrir une séquence végétale dont les nuances sont rendues lisibles, invitent à réagir, à compléter la série par une nouvelle variété qui y trouverait sa place.

Et c’est précisément cela qui est recherché aussi , stimuler le regard et susciter des réactions et des propositions par le résident.

Structurer l’espace, former les massifs, aménager des atmosphères différentes, créer des nuances entre les vides et les pleins, répartir l’ombre et la lumière, former des reliefs, adapter les pentes, pour à la fois rassurer sur l’ergonomie et l’adaptation du jardin à une expérience bienveillante.

Sentir la nature

Bien sûr lorsque l’on parle d’odeurs du jardin, on pense en premier lieu aux plantes aromatiques. Mais le champ est bien plus large si l’on reconnait aux plantes toutes les richesses de parfums que peuvent émettre leurs racines, tiges, feuillage, fleurs et fruits.

L’odorat est évocateur de sensations tant par les bonnes que les mauvaises odeurs. Certaines plantes sentent mauvais, d’autres réjouissent les narines, on se plonge dans certains calices floraux comme une fuira l’odeur de certaines racines.

Percevoir, reconnaître et discerner ces réactions face à des stimulations sensorielles, est une expérience qui vient toucher aux racines de la construction de la personne lorsqu’enfant, elle a pu faire d’elle-même ses explorations de la nature.

C’est une construction personnelle, dont certains handicapés ont pu être privés, n’ayant pu parce qu’ils circulaient dès leur plus jeune âge dans des fauteuils roulants, respirer l’odeur de la terre humide entre leurs doigts, tomber le nez dans la mousse ou un tapis de feuilles.

C’est aussi à ces jardins que nous confions cette mission d’apprendre ou de retrouver ces évocations sensorielles qu’offre la nature.

Les plantes aromatiques

Elles sont si nombreuses qu’il serait vain de tenter d’en établir la liste. Il ne s’agit pas cependant de former un herbarium exhaustif, mais de choisir parmi elles, celles qui offriront des expériences différenciées et perceptibles.

Le handicap, le vieillissement altèrent souvent l’odorat, il est important pour éviter la confusion, de rendre ces plantes accessibles, de les disposer pour celles qui n’ont pas une grande hauteur à porter de nez, de ne pas associer avec trop de proximité des essences qui auraient une odeur très forte, au risque de ne plus pouvoir les discerner.

En utilisant le relief d’un jardin, ou en le formant (talus, butte, muret…) lorsqu’il n’existe pas à l’origine, on offrira une déambulation au milieu de plantes évocatrices, de souvenirs, de cuisine, de parfums.

Il convient d’avoir en mémoire que les plantes aromatiques rythment les saisons, et que qu’il ne faut pas se limiter au printemps ou à l’été pour stimuler les sens.

Les odeurs sont parfois aussi puissantes en automne ou en hiver, avec celles de la pluie sur la surface d’une pierre, les pommes de pins, les champignons, les fougères ou la mousse. Le tout est de le prévoir et de le favoriser.

Redécouvrir des saveurs

Le jardin devient un lieu de gourmandises, si l’on en cultive les ingrédients. Il s’agit là de cueillette spontanée que l’on pourra faire d’un fruit, d’une feuille. Les fruits rouges pour cela sont une excellente solution, qui attirent le regard lorsqu’ils mûrissent en profusion.

Il convient de choisir des fruits ou des feuilles aux textures souples pour les personnes qui souffrent de problème de déglutition.

Former des « murs gourmands » associant de la sauge, de l’oseille, de l’origan, de la menthe, des fraises et des fraises des bois, des mini-courgettes ou des cornichons et de la mâche ou du cresson en hiver…

Lorsque l’on dispose d’une serre ou d’un mini-tunnel, il est possible d’étaler cette offre sur une période plus large et d’enrichir le mur gourmand lorsque les plantes parviennent à maturité.

Un débat existe parfois, de savoir si le jardin doit être un marqueur des saisons.

Très certainement pour la vue, lorsque l’on offre des couleurs au printemps ou à l’automne, mais ce n’est pas essentiel non plus de faire porter intégralement au jardin cette mission pédagogique.

Si l’on peut expliquer, montrer comment on est parvenu à faire mûrir certains fruits en décembre, et que la gourmandise permet de préserver au jardin cette attraction du palais.

Profiter des sons

C’est le sens que le jardin sollicite le moins spontanément, et l’on apprécie particulièrement un espace pour son silence. Et pourtant que serait-il s’il était totalement silencieux.

La difficulté étant de trouver la juste mesure, entre l’amplification nécessaire pour atteindre une ouïe souvent défaillante, et l’exaspération que peut produire certains sons sur des humeurs fragiles.

Attirer les oiseaux, favoriser des espaces de nichement et amplifier les sons qui s’en dégagent…

Planter des massifs mellifères et favoriser le bourdonnement des abeilles, amplifier le bruit d’une source si elle ne présente pas de risque de sécurité ou de stimulation de miction chez des personnes incontinentes, former des toits où résonnera le martèlement d’une pluie, disposer des plantes qui amplifieront le bruissement du vent dans les feuillages.

Les matières du jardin

Il n’est pas que les plantes pour former cette expérience des sens.

Jardin sensoriel: le toucher :

Le choix de pierres aux formes lisses ou rugueuses, l’utilisation du bois, du métal dont la surface offrira des expériences différentes.

Un toucher qui donnera une sensation de chaleur lorsque la matière aura séjourné longtemps au soleil, ou de froid au petit matin ou lors des saisons hivernales.

Il n’est pas nécessaire d’utiliser trop d’artifices pour cette expérience de matières et le mieux est sans doute de faire preuve de créativité et d’imagination pour que ces aménagements émergent dans le jardin de la façon la plus naturelle possible.

Jardin sensoriel: l’ouïe:

Le carillon tintant au vent, est sans doute un piège qu’il convient d’éviter, comme il convient d’éviter les dispositifs sonores qui bruisseraient spontanément et sans contrôle, particulièrement pendant la nuit.

Chez certaines personnes fragiles, un son répété et continu peut conduire à l’exaspération ou une sur-stimulation ouvrant à des troubles du comportement. Il en est ainsi des fontaines japonaises shishi odoshi ou de ces carillons suspendus qui tintent jour et nuit par période de grands vents.

La présence d’instruments de musique aux sonorités douces et harmonieuses, à l’ergonomie adaptée peut être une chance dans un jardin correctement agencé.

Jardin sensoriel: la vue:

Outre le végétal, le jardin est le lieu où de nombreux aménagements sont possibles dès lors qu’ils se justifient, que leur budget est compatible avec les enjeux du lieux. L’enrichissement du jardin se fondent sur de nombreux modules qui peuvent conduire à des activités adaptées tant sur le plan thérapeutique que le bien-être.

En offrant de l’ombre sous une pergola, en structurant l’espace sur des perspectives allongées, en évitant l’enfermement par des clôtures opaques, le concepteur peut valoriser de nombreuses matières qui donneront au jardin sa pleine dimension bienveillante et sensorielle.

La présence d’oeuvre d’art peut être une expérience sensorielle et émotionnelle vertueuse dès lors qu’elle n’est pas purement conceptuelle. L’équipe du CHU de Nancy a travaillé pendant plusieurs années sur l’intérêt de créer des espaces artistiques par l’aménagement de sculptures.

La présence de miroirs lorsqu’elle est correctement ajustée peut être l’occasion d’amplifier des effets de couleurs, de reflets, de lumières.

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Biodiversité et jardin thérapeutique

Biodiversité et jardin thérapeutique: C’est une conviction, c’est un engagement, le jardin enrichi à visée thérapeutique doit favoriser le développement de la biodiversité

O Ubi Campi a souhaité renforcer la palette végétale du jardin thérapeutique pour apporter des évolutions sur la valorisation de la biodiversité.

Biodiversité et jardin thérapeutique: Un jardin invitant à sortir

Une sélection de végétaux à feuillage verdoyant et/ou fleurs colorés et à long fleurissement proche de l’entrée principale du jardin

Des plantes et fleurs mellifères, nectarifères, odorantes, avec des baies pour les oiseaux ou constituant un lieu de nidification de la faune, (indigène). Mais aussi un potager, important support de biodiversité. Il doit être adapté aux résidents et aux personnels soignants. Il est placé en hauteur pour le jardinage et la cueillette.

Cela s’accompagne par une gestion différenciée des espaces qui permet d’inverser le bilan environnemental négatif. Il faut préserver et en rétablir la richesse existante des sols, des paysages et du vivant.

Chaque projet fait l’objet d’une analyse spécifique en fonction des écosystèmes particuliers.

Le jardin étant par essence, un espace artificiel, il s’agit de lui redonner le plus largement sa valeur naturelle, ce qui impose souvent de changer du tout au tout notre rapport au jardinage traditionnel qui a introduit progressivement des pratiques contraires à la valorisation de la biodiversité.

Biodiversité et jardin thérapeutique : comment la favoriser?

Si le patient est placé au coeur des enjeux d’un jardin thérapeutique, la valorisation de la biodiversité se doit d’y être associée en permanence. Cela implique des choix raisonnés concernant l’architecture générale du jardin, le choix des matériaux utilisés, la répartition de la flore dans l’espace.

Un sol est dit-on formé par deux composés:

  • l’un issu de la roche mère dit minéral,
  • l’autre organisme issu  des végétaux formant un mille feuille extraordinairement complexe.

La réalité est bien différente.

Les sols en zone urbaine et péri-urbaine, sont constitués de remblais de toutes sortes. Sur la partie supérieure, on a un régalage de terre végétale arrachée par décapage à son milieu d’origine.

Bien entendu, cette pratique ne peut suffire à constituer un sol et n’est pas durable. Les manuels avertis précisent même les épaisseurs de terre végétale : pour les arbres, une profondeur de 1,00 m à 1,50 m voire plus, est préconisée en fosse de plantation.

C’est une ineptie. Il n’existe aucune partie du globe ou de telles profondeurs existent, même sur les meilleures terres agricoles.

Il convient en conséquence notamment :

  • de favoriser le développement des microorganismes dans le sol,
  • d’encourager la présence d’une méga-faune ( taupes, carabes…), d’une macro-faune (lombrics, pseudo scorpions…), d’une méso-faune (acariens, collemboles…) et d’une micro-faune (nématodes, amibes…)
  • et faciliter le foisonnement du règne végétal ( algues, bactéries filamenteuses, champignons, mycorhizes)

Ces préoccupations concernent également la bonne gestion des eaux dans le  jardin. Il est important de bien choisir les types de végétaux en fonction du milieu. La pratique intensive de l’arrosage risque de perturber l’équilibre microbien du sol en favorisant l’arrivée d’organismes qui n’y seraient pas désirés.

D’autres critères entrent en considération tels que:

  • Le choix de plantes mellifères
  • Limiter les besoins et des pratiques d’entretien (le passage d’une tondeuse produit des gaz à effet de serre, et conduit à l’éradication d’insectes pollinisateurs) sans parler de la nuisance sonore lorsqu’il s’agit de matériel thermique
  • Préparer le terrain en vue de la formation de massif qui vient perturber l’équilibre d’un sol
  • La pratique de la taille est faite parfois de manière trop géométrique avec des taille-haie notamment. Elle a pour conséquence le vieillissement prématuré du végétal, sa fragilisation face aux maladies et l’absence de fleurissement. Elle génère aussi un appauvrissement du sol lorsque les déchets végétaux sont évacués vers une décharge verte.
  • La période des pratiques d’entretien qui peuvent entrer en collusion avec celle de multiplication de la biodiversité
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Améliorer la fréquentation du jardin

Améliorer la fréquentation du jardin thérapeutique enrichi

Comment améliorer la fréquentation du jardin: Le jardin enrichi ne peut être thérapeutique que s’il est fréquenté régulièrement. Bien des jardins en EHPAD restent malheureusement vides. Nos efforts se sont concentrés pour favoriser une visite régulière du jardin. Plusieurs études ont clairement mis en évidence que la fréquentation du jardin était directement liée aux facilités d’accès.  On citera à ce titre la survey study (enquête) menée par J Cohen-Mansfield auprès de 320 EHPAD (nursing homes) aux Etats-Unis. Il apparaissait que le fait de ne pas laisser le jardin en libre accès pendant la journée, était un facteur d’aggravation des troubles du comportement (troubles anxieux, agitation, agressivité…). Il convient donc de:
  • limiter la présence de digicodes pour ouvrir les portes
  • préférer des portes coulissantes à ouverture automatique (lorsque les portes sont un peu lourdes les résidents éprouvent des difficultés à les ouvrir par eux mêmes)
  • éviter l’obstacle former par des seuils de porte. Parfois légers, ils suffisent à rendre difficile le passage des roues d’un fauteuil roulant ou d’un déambulateur.
  • ne pas exiger que le résident soit accompagné pour sortir
  • rendre le jardin visible et attrayant depuis l’intérieur
  • offrir dès que cela est possible un accès direct au jardin depuis les chambres des résidents

Mesurer et optimiser le rythme des visites du jardin thérapeutique enrichi

La fréquentation régulière d’un jardin en institution médico-sociale est associée à la notion d’invitation permanente que celui-ci exerce sur les résidents.

Nous avons mis en place des systèmes de mesure en lien avec les travaux du LEPS (Laboratoire d’Education et Pratiques en Santé) pour évaluer :

– le nombre de résidents en EHPAD fréquentant le jardin

– la fréquence par chaque résident au cours d’une semaine et sur un rythme trimestriel

– le temps moyen de séjour dans le jardin par chaque résident au cours d’une sortie

– l’impact des saisons sur la fréquentation du jardin

– l’importance de la distance d’accès au jardin sur sa fréquentation

– l’effet de l’architecture générale du jardin sur sa fréquentation (orientation, surface, disposition, ergonomie)

– l’appropriation du jardin thérapeutique enrichi par le résident

Nous poursuivons ces travaux de recherches. Ils nous ont donné des indications précieuses sur les bonnes pratiques à respecter lors de la conception et de la mise en oeuvre d’un jardin thérapeutique enrichi

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Création de jardin thérapeutique enrichi

Création de jardin thérapeutique enrichi: comment réussir? Placer le patient au coeur du jardin et lui offrir un espace paysager de liberté et de bien-être, enrichi par des éléments adaptés à des objectifs de santé précis.

Vous accompagner sur chacune des étapes depuis l’identification du besoin, la conception, la recherche de financement, la réalisation, la formation des soignants et l’évaluation du bénéfice thérapeutique.

création de jardin thérapeutique enrichi

Création de jardin thérapeutique enrichi: Quels besoins ?

Le diagnostic est destiné à connaître précisément les différentes pathologies, les troubles, les fragilités de la population et d’en apprécier la sévérité. Il est pertinent à ce stade de les apprécier sur les échelles de mesure usuellement utilisées, mais aussi de connaître les cas particuliers, la fréquence des incidents relevés par les soignants ( chutes, crise d’agressivité, déambulation nocturne, fugue…)

Placer le patient au coeur du jardin, c’est adapté la sécurité, l’ergonomie, la bienveillance, la sensorialité, ses objectifs thérapeutiques à ses besoins.

Il est intéressant de mettre en place une démarche participative pour l’élaboration d’un projet. Pour ce faire, il convient de choisir une équipe motivée qui soit prête à concevoir le jardin avec pour cible première « la valeur ajoutée pour les résidents ».

La formulation du cahier des charges permet de décrire la pluralité des missions d’un jardin, et d’assurer que celui-ci sera adapté aux besoins spécifiques des personnes accueillies. Ainsi, il est évident qu’un jardin pour enfants autistes sera bien différent de celui conçu pour des patients âgés atteints de la maladie d’Alzheimer. Les besoins en ergonomie seront très différents et les visées thérapeutiques aussi.

Concevoir le paysage en établissement médico-social

L’architecte paysagiste privilégiera autant que possible l’aménagement du jardin thérapeutique dans un espace présentant une bonne accessibilité et visible depuis les fenêtres de chambres ou les parties communes de l’établissement.

Création de jardin thérapeutique enrichi: financement

O Ubi Campi a conçu et met à jour un manuel par région de recherche de financement, et peut vous mettre à disposition un document de demande de financement argumenté en fonction de votre projet.

Concrétiser un projet pour les résidents

La réalisation est organisée dans une démarche participative avec le personnel soignant et les résidents afin d’assurer la meilleure appropriation de l’espace créer. Une gestion du chantier vertueuse doit autant faciliter l’adaptation de la mise en oeuvre avec les besoins exprimés, que la sécurité et la liberté d’accès. Le personnel de chantier a été formé à l’accompagnement et l’écoute des patients et des résidents pour répondre à leur question, leur expliquer le déroulement des travaux.

Evaluation du bénéfice thérapeutique du jardin: quelles mesures?

Il s’agit en premier lieu d’évaluer la fréquentation du jardin. Si un jardin existait préalablement, on mesurera comment évolue cette fréquentation, quitte à mettre en place des actions correctives pour augmenter celle-ci. Des moyens précis ont été identifiés pour encourager la fréquentation spontanée par les résidents.

Ensuite, il s’agit d’apprécier l’appropriation du jardin par le résident. Autrement dit : Comment le résident circule dans le jardin et le considère non seulement comme un espace de promenade, mais progressivement se l’approprie, établissant un lien personnel avec un espace, un massif, une plante, traduisant qu’il considère et se sent libre de considérer que ce jardin est le sien.

Enfin, on appréciera l’impact du jardin sur l’évolution de la santé des patients. Pour cela des protocoles spécifiques ont été développés afin de les intégrer de façon simple et naturelle dans la vie de l’établissement.

Création de jardin thérapeutique enrichi :Inauguration et utilisation

L’inauguration est sans doute une étape importante qui marquera par un événement intégrant les résidents de l’établissement l’ouverture du jardin. Il conviendra de l’organiser à la « belle saison », lorsque la floraison est à un stade optimal.

Nous encourageons la mise en place d’une session de formation des personnels soignant à l’utilisation d’un jardin thérapeutique. Cette étape de formation est l’occasion de comprendre davantage les enjeux et les opportunités de ce jardin.

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Jardin thérapeutique et paysage

De nombreuses interrogations existent relativement à la relation entre jardin thérapeutique et paysage, aux choix paysagers à mettre en oeuvre au sein d’un établissement de santé. Qu’il s’agisse du jardin paysage qui enveloppe l’EMS ou du jardin thérapeutique enrichi.

L’architecture paysagère

jardin thérapeutique et paysage

Quelle relation entre jardin thérapeutique et paysage: l’organisation des espaces paysagers est privilégiée par l’architecte dans ses esquisses. Elle permet de créer une ambiance qui répondra à de nombreux critères:

  • une atmosphère agréable, accueillante qui sera perçue dès la première visite dans l’établissement. Le visiteur la percevra  au fur et à mesure de ses visites. Il l’appréciera dans son quotidien depuis la fenêtre des chambres et les espace communs. Cette impression dès l’entrée dans l’EMS (Etablissement médico-social), est importante. C’est elle qui formera le sentiment du résident et de sa famille avec ce nouveau lieu de vie.

Jardin thérapeutique et paysage: Une sensation de liberté et de nature

  • éliminer la sensation d’enfermement générée par les murs ou les clôtures, les digicodes. Il s’agit de trouver un équilibre entre le sentiment d’être en sécurité et la préservation de la liberté.
  • réduire les besoins en entretien:
    • cela a un impact sur le budget de fonctionnement de l’établissement,
    • l’ambiance paysagère pourra être valorisée par un entretien régulier,
    • enfin, les interventions de jardiniers produisent des nuisances sonores . Elles sont des sources de stress pour les résidents et le personnel soignant.
  • valoriser la biodiversité
  • créer un esprit du lieu: un mélange de sensibilité et de finesse qui donnera le sentiment d’être dans un lieu privilégié sans être coupé du monde. Cette ambiance paysagère peut se décliner avec des tonalités très différentes:
    • Soit en mettant en scène l’empreinte régionale et en la conjuguant à travers différentes ambiances,
    • Soit en créant des scènes s’inspirant des jardins du monde: par exemple en créant des espaces reproduisant un jardin d’inspiration asiatique, puis provençal ou exotique…

Une conception centrée en priorité sur le bien-être et la santé du résident

Une attention sera portée à la dimension paysagère:

  • à l’enveloppe végétale,
  • aux profils  paysagers
  • à l’atmosphère perçue depuis l’intérieur du bâtiment et ressentie en visitant le jardin,

Ce sont des éléments importants pour faciliter l’appropriation du lieu. Ils favorisent la fréquentation du jardin par le résident. Ils offrent un repérage spatial et permettent de rompre avec les marqueurs hospitaliers.

Ainsi, le jardin avant d’être thérapeutique raconte une histoire et est une invitation au voyage.

Ceci  concerne les résidents, mais aussi les soignants, les familles et les riverains. Le jardin de l’EHPAD peut devenir un lieu privilégié où l’on se retrouve et se rencontre. Le jardin peut libérer l’établissement de son isolement.

Cet espace paysager accueillera si possible une majorité de plantes locales. Cela n’exclut pas d’introduire quelques essences originales dans la mesure où leur adaptation sera possible.

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Jardin enrichi et jardinières ergonomiques

Bien souvent l’installation d’un jardin dit « thérapeutique » se limite à l’implantation d’une ou plusieurs jardinières surélevées sur une terrasse au milieu de quelques massifs de lavande et de romarin. Qu’en est-il? Jardin enrichi et jardinières ergonomiques:

jardin enrichi et jardinières ergonomiques

Le choix d’une jardinière surélevée résulte de trois critères principaux :

  • ergonomie
  • usage
  • esthétique

De nombreux fabricants , qu’il s’agisse d’ateliers de menuiserie, d’assemblage bois ou de moulage en plastique ont développé des produits qui peuvent apporter des réponses intéressantes à l’activité de jardinage en EMS. Quelle place donner à ces jardinières dans un jardin et comment les implanter pour les valoriser au mieux.

La Fondation Thrive en Grande-Bretagne qui a fondé l’essentiel de sa démarche sur le principe de l’hortithérapie « Gardening for Health » (Jardiner pour être en bonne santé), a développé dans ce domaine une expertise largement partagée à travers ses activités de formation. Il faut reconnaître que la culture des britanniques les préparent très naturellement à se tourner vers le jardinage.

D’une façon générale, notre expérience – les verbatim que nous avons analysés à la suite d’ateliers de jardinage en EHPAD ou FAM nous invitent à adapter correctement la solution qui pourra être proposée en fonction des populations accueillies. La même adhésion à une activité de jardinage ne s’exprime pas de façon unanime par les résidents et l’ergonomie offerte par la surélévation des ateliers de jardinage n’apporte pas à elle seule la réponse à toutes les attentes.

Jardin enrichi et jardinières: Quelle ergonomie?

Elle constitue bien souvent la préoccupation majeure dans le design de ces « tables » de jardinage. Il s’agit alors de trouver  le bon compromis entre les différents enjeux:

– l’autonomie (enfant, adolescent, adulte, sujet âgé)

– les personnes à mobilité réduite et verticalisée

– celles qui ne se déplacent qu’en fauteuil (fauteuil simple ou  motorisé)

Ces différents éléments vont définir une hauteur du plan de travail, la hauteur nécessaire pour le passage des jambes sous le plan de jardinage, et par conséquent la profondeur de travail de la terre, mais aussi la surface de plantation accessible suivant que l’on est en position debout ou dans un fauteuil.

Il peut-être pertinent en fonction de ces différents enjeux d’ajuster le choix de sa table de jardinage afin d’avoir une solution qui s’adapte à tous. Une possibilité consistant à utiliser une table qui offre une ergonomie différente en fonction des personnes qui l’utilisent. Car la hauteur de travail debout n’est pas nécessairement compatible avec celle d’une personne assise.

L’usage

jardin enrichi et jardinières ergonomiques

Plusieurs articles ont été consacrés sur ce site aux activités de jardinage. Notre suggestion principale est de réserver une partie de ces jardinières à des cultures permanentes  de plantes condimentaires ou aromatiques. Leur cueillette permettra par exemple d’agrémenter l’assaisonnement des plats, et d’utiliser le reste comme un « tableau effaçable ». Sur ce plan de travail on organisera des séquences de jardinage (semis, jeunes plants, récolte) avant de transplanter les végétaux vers un espace potager, un massif ornemental ou des jardinières ornementales. En effet mobiliser ces jardinières, généralement de taille réduite, pendant toute une saison pour récolter des potirons à la Toussaint risque de démobiliser l’attention des résidents.

L’enjeu n’est pas de former des horticulteurs, mais de retrouver ou de partager un plaisir du jardinage entre la manipulation du végétal et de la terre, son observation, son évocation. C’est aussi respecter quelques séquences procédurales et des consignes, tout en offrant la récompense d’un goût partagé (manger des fraises muries au soleil, cueillir des fleurs pour décorer sa chambre…)

Jardin enrichi et jardinières ergonomiques: L’esthétique

Il est observable que bon nombre de ces jardinières ne sont pas des meubles très décoratifs et qu’ils vieillissent plus ou moins bien. La terre y est séparée du sol, si bien que les besoins en arrosage sont plus importants; d’autant que la nécessité de mettre à disposition une terre facile à travailler va privilégier le choix d’un terreau horticole qui se dessèche vite au soleil.

Leur forme, leur implantation n’offre pas toujours une esthétique suffisante pour encourager à leur utilisation. Leur dimension oblige à une activité de grande proximité entre résidents. Alors que certains apprécient le jardin pour y trouver un peu d’isolement vis à vis de la pression de la vie collective.

Une solution que nous avons développée qui tout en préservant l’ergonomie requise, consiste à former un talus ergonomique avec un soutenement en bois, de différentes hauteurs. Cette formule permet d’accompagner harmonieusement le profil d’un terrain.  Cela est l’occasion d’utiliser la terre qui est décaissée lors de la formation d’aller, de disposer d’un substrat plus hydrophile que l’on allègera avec un apport en terreau horticole.

Enfin, il est possible d’aménager le long d’un talus ainsi formé, des espace adaptés pour l’accès aux personnes à mobilité réduite. Plutôt que d’être confiné sur des dimensions réduites, le talus ergonomique agencé sur plusieurs mètres accompagnera la promenade dans le jardin, pourra être alternativement planté de végétaux adaptés à la cueillette (fleurs, fruits) et d’espaces adaptés à l’hortithérapie.

Il convient avant tout quelle que soit la solution retenue de s’assurer que ces espaces ergonomiques de cultures respecteront l’esprit d’un jardin, plutôt que de s’ériger comme un mobilier adapté pour personnes handicapées ou fragiles.

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Jardins enrichis et troubles du comportement

Les troubles du comportement désignent des signes et symptômes inadaptés qui se traduisent différemment en fonction des populations concernées et des pathologies. Jardins enrichis et troubles du comportement: une opportunité et une offre une médiation thérapeutique

Les troubles du comportement sont des signes ou des symptômes psychologiques et comportementaux. Ils se traduisent par des attitudes inadaptées aux situations ou au contexte. Ils sont observés variablement sur différents types de population en fonction des pathologies.

Les troubles du comportement du sujet âgé

De nombreux travaux et guides de recommandations sur les troubles du comportement chez le sujet âgé et en particulier les personnes atteintes de maladies neuro-dégénératives font actuellement référence. On notera en particulier :

Les troubles du comportement se caractérisent principalement par deux formes de manifestation:

– forme négative ou déficitaire : le sujet se place en retrait – apathie, adynamie, anxiété voire dépression – également appelés troubles psychologiques

– forme positive ou productive : le sujet devient perturbateur pour son environnement – agitation, agressivité, idées délirantes, cris, déambulation – également appelés troubles psychotiques

Ces deux formes de troubles du comportement sont évaluées sur des échelles reconnues telles que le NPI (NeuroPsychiatric Inventory) ou Cohen-Mansfield (état d’agitation). Ils en mesurent/

  • la fréquence (d’une fois par semaine à tous les jours, voire tout le temps),
  • la gravité (de peu perturbant à très perturbant pour le patient)
  • et le retentissement sur les activités des soignants ( de pas du tout à très sévère).

Nos travaux sur l’enrichissement du jardin se sont portés en particulier sur la médiation de:

Les troubles anxieux

Au sein d’un EHPAD, on identifie fréquemment de nombreuses personnes sujettes à des troubles anxieux, caractérisés par:

  • un isolement,
  • une opposition aux soins,
  • des troubles de l’appétit,
  • une demande d’attention supplémentaire
  • aphasie
  • apraxie

En situation de crise l’anxiété évolue vers des séquences d’agitation, d’agressivité voire de pleurs et de cris.

jardins enrichis et troubles du comportement

Le jardin thérapeutique enrichi réduit la manifestation des troubles anxieux

Les troubles anxieux s’évaluent en fonction du nombre, de l’intensité et de la durée des symptômes. Ils se traduisent aussi par une souffrance émotionnelle ou un retentissement marqué sur la vie du résident, des soignants, mais aussi des autres résidents à proximité. Un des objectifs important associé à la prise en charges des troubles anxieux, consiste en l’amélioration du diagnostic des symptômes cliniques et de leur origine afin de proposer une réduction de la prescription de psychotropes.

Il convient dans un premier temps de poser un diagnostic précis sur les sujets anxieux , et d’organiser une prise en charge par le jardin dans la mesure où celui-ci a été enrichi en correspondance avec l’anxiété. Sachant que la comorbidité des troubles anxieux est généralement associée à un état dépressif, des détériorations cognitives et des affections somatiques – notamment pour les cas d’épisodes dépressifs majeurs (EDM).

Jardins enrichis et troubles du comportement: La plainte anxieuse

Compte tenu de l’enjeu pour la santé, la plainte anxieuse et les symptômes somatiques nécessitent bien souvent une prise en charge prioritaires par les soignants des personnes concernées. Cette prise en charge conduit à une mobilisation importante des soignants sur des séquences individuelles qui se fait au détriment des autres résidents pour des soins:

  • individuels
  • différés
  • négociés

Une adaptation du programme de soins de l’établissement en valorisant un jardin enrichi, peut donc présenter des retentissements multiples:

  • réduction des troubles anxieux et bien-être des résidents concernés
  • moins de perturbation pour les résidents à proximité et les soignants
  • davantage de disponibilité pour les soignants en faveur des résidents

Nous avons actuellement élaboré un profil type de l’enrichissement d’un jardin thérapeutique à l’attention des sujets anxieux et envisageons une série d’études afin d’en optimiser le protocole de fréquentation.

Jardins enrichis et troubles du comportement: L’agitation et l’agressivité

Le Pr J. Cohen-Mansfield a validé une échelle d’évaluation de l’agitation du sujet âgé qui permet d’évaluer un patient sur une durée déterminée pour apprécier la pertinence de la mise en place d’un traitement ou de mesures adaptées à ses troubles du comportement.

Il a été suggéré que les comportements inappropriés reflétaient une défaillance de l’environnement à satisfaire les attentes du patient. Cette suggestion trouve également  une résonance dans les études menées sur l’environnement appauvri. Et le jardin en cela peut constituer un espace de compensation à ces défaillances de l’environnement intérieur. Encore faut il que ce jardin dispose des aménagements requis.

En 2008, M Detweiler publie dans l’American Journal of Alzheimer’s Disease & Other Dementias les résultats d’une étude sur l’impact de la fréquentation d’un jardin sur les troubles du comportement. Il évalue sur l’index d’agitation de Cohen Mansfield, et les conclusions donnent un signal encourageant en faveur de la réduction de ces troubles. Préalablement, Cohen-Mansfield avait mené une enquête auprès  des directeurs de 320 établissements gériatriques aux Etats Unis.

Une enquête publiée dans Alzheimer Disease and Associated Disorders

Cette enquête publiée en 1999 dans le journal Alzheimer Disease and Associated Disorders, soulignait parmi les facteurs facilitant l’apparition des troubles d’agitation: la possibilité d’avoir ou non un accès libre au jardin. Bien souvent, les portes verrouillées pour des motifs de sécurité se révèlent être un facteur aggravant. Par ailleurs c’est une des rares enquêtes, qui s’est efforcée de recenser les aménagements présents dans le jardin.

Il n’y apparait pas la notion de jardin enrichi, et les observations se concentrent sur la dimension paysagère du jardin (arbres , massifs ornementaux, bassins…).

Les études cliniques préliminaires que nous avons conduites ont démontré l’intérêt d’un enrichissement spécifique du jardin. Ceci afin d’obtenir dans la durée une réduction significative de la fréquence et du retentissement de l’agitation et de l’agressivité. Nos efforts convergent vers la définition détaillée de chacun des éléments susceptibles de former efficacement un jardin thérapeutique capable de les prendre en charge et d’en réduire les manifestations.

jardins enrichis et troubles du comportement

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Jardin thérapeutique et autonomie

 La perte d’autonomie est l’un des enjeux majeurs de nos sociétés liés au vieillissement. L’âge moyen de perte d’autonomie est de 83 ans. Comment le jardin peut il compenser l’accroissement de la dépendance liée à l’âge? Jardin thérapeutique et autonomie peuvent-ils se rencontrer positivement dans le jardin?
Depuis le rapport de Pierre Laroque en 1962, la politique française d’accompagnement du vieillissement est fondée sur le Maintien à domicile. Cette priorité accordée au domicile a été confirmée en  décembre 2015 par la « Loi sur l’adaptation de la société au vieillissement » Au cours de ces décennies, le profil de la société française s’est profondément modifié, en lien avec l’augmentation de l’espérance de vie, le travail des femmes, l’évolution de l’habitat et la perte d’autonomie liée à l’âge.

La perte d’autonomie qui touche 20% des personnes de plus de 85 ans, inscrit la maison de retraite devenue EHPAD dans le parcours de vie d’une part de plus en plus importante de la population âgée.

La dépendance :

83% des résidents sont en perte d’autonomie (GIR 1-4)

54% sont très dépendants (GIR 1-2)

Comment le jardin enrichi peut il contribuer à compenser la perte d’autonomie ?

En 1999, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) déclarait à l’occasion de sa Conférence ministérielle Santé & Environnement, que « l’environnement est la clé d’une meilleure santé ».

« La santé environnementale comprend les aspects de la santé humaine y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement »

Un certain nombre de travaux scientifiques ont déjà souligné l’importance de l’environnement sur la santé, quelques exemples :

  • l’impact de l’architecture sur la santé (Ulrich RS. Effects of Healthcare Environmental Design on Medical Outcomes)
  • les fameux travaux d’Ulrich régulièrement cités de l’effet de la vue des arbres depuis un lit de convalescence post-opératoire
  • le syndrome de manque de nature (Nature Deficit Disorder)
  • La notion d’environnement prothétique et l’institut Weiss

Jardin thérapeutique et autonomie: des études cliniques encourageantes

Les travaux menés dans les instituts médico-sociaux (EHPAD, nursing homes, care homes, EMS) ont donné lieu à des démonstrations d’impact positif d’une architecture bienveillante sur :

jardin thérapeutique et autonomie

  • la prévalence et la gravité des troubles du comportement
  • l’appétence et la prise de repas des résidents en fonction de l’architecture du restaurant
  • la désorientation en fonction de la lumière (naturelle ou artificielle), des couleurs, de la signalétique et de l’architecture intérieure
  • le lien social lié aux espaces de rencontres et la bienveillance du site favorisant les visites des proches
  • les troubles du sommeil
  • la fréquence des chute

Ainsi, ces observations faites sur le lien entre l’environnement et la santé de populations psychogériatriques relèvent principalement de la bien-traitance architecturale – laquelle est une  notion de psychologie environnementale qui étudie les interrelations entre l’homme et son environnement- ce qui sous-entend notamment que « moins la personne est compétente (santé biologique, habilité sensorielle et motrice, fonctions cognitives), plus elle sera sensible et vulnérable aux déficiences de son environnement » (docilité environnementale).

 

Pourtant, la bibliographie scientifique ne révèle pas de publications faisant état d’un impact de l’environnement sur l’autonomie. Les seules références disponibles concernent des expériences menées sur des rongeurs dans un environnement enrichi – avec la nuance que la mesure de l’autonomie fonctionnelle ne dispose pas d’échelle standardisée pour les souris.

Si bien que les travaux de conception de l’enrichissement du jardin se sont concentrées sur les critères utilisées sur les échelles de (Activity Day Living) et IADL (Instrumental Activity Day Living).

Les principaux éléments d’enrichissement qui ont participé aux études cliniques démontrant une récupération d’autonomie fonctionnelle sur l’échelle IADL sont :

– les mannequins de jardin

– le xylophone arc en ciel

– la station météo

– le talus ergonomique avec les ateliers de tressage et sculpture végétale

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