Nouvelles de l’hortithérapie
Pourtant, en parcourant les moteurs de recherche de littérature scientifique (Pubmed, Cochrane, MedlinePlus, EBSCO Academic search…) on ne trouve aucune Scoping Review faisant une synthèse de l’état des connaissances sur le sujet. Et nous n’avons pas non plus trouvé de rapport d’étude interventionnelle ayant valeur de preuve sur une évaluation de santé positive de l’hortithérapie.
Nouvelles de l’hortithérapie: Les pratiques courantes
En interrogeant les résidents en EHPAD, les animateurs et les professionnels de santé, sur les activités habituelles de l’hortithérapie, on parle de préparation de terre, de semis, de repiquage, de tuteurage, de désherbage, de cueillette. En bref, l’essentiel des bonnes pratiques du jardin potager se retrouvent dans des séquences adaptées aux capacités des personnes atteintes à des stades plus ou moins avancées de la maladie d’Alzheimer.
Bien souvent les professionnels de santé qui s’y impliquent et accompagnent leurs résidents sont ceux qui disposent déjà d’une bonne expérience du jardinage, le pratiquant eux-mêmes dans leur jardin personnel.
Et l’on entend vanter les vertus du temps long qu’impose la nature pour dérouler son cycle depuis la semence mise en terre jusqu’au fruit que l’on récolte.
Il nous a semblé finalement que les pratiques de ls’inspiraient en premier lieu du « guide du bon jardinier » associant des connaissances en agronomie ou horticulture, des usages et coutumes traditionnels hérités des anciens dans un cadre particulier qu’est une jardinière d’une surface moyenne de 1 à 3 m2 – avec des outils de jardinage à l’ergonomie parfois adaptée.
Mais tout cela dans une logique principalement centrée sur la production de fleurs, de légumes ou de fruits. Cette logique à l’origine évidente puisqu’elle est à l’origine des pratiques agricoles ne nécessitait-elle pas d’être ré-interrogée?
Y-a-t-il un devoir, une nécessité ou une vertu d’engager des patients atteints de la maladie d’Alzheimer, dans un cycle souvent bien long (plusieurs mois) pour redécouvrir les pratiques du maraîchage ? Ces pratiques suivant leur parcours de vie, dont ils ont été peut-être constamment éloignés, ou qui pour d’autres furent leur quotidien.
Il nous a semblé indispensable de questionner ce paradigme – et quoiqu’il en soit de vérifier qu’il correspondait bien aux objectifs que nous recherchions dans un jardin enrichi à visée thérapeutique. Etait-ce aussi la bonne porte d’entrée pour faciliter l’appropriation du jardin par le résident?
Bien souvent lorsque nous questionnons la fréquentation spontanée de ces espaces d’hortithérapie, nous découvrons sur un établissement de taille moyenne de 70 à 90 résidents, que c’est l’affaire de seulement 2 ou 3 personnes . Les autres n’y participant que dans le cadre d’animations.
Nouvelles de l’hortithérapie : la pratique d’un jardinage à visée thérapeutique
Plutôt que de recherche la mise en oeuvre de chacune des séquences de l’activité horticole depuis le semis jusqu’à la récolte, nos travaux nous ont conduit à revisiter chacune d’entre elles, et à les reconstruire autour de ce qu’elles étaient sans nécessairement les orienter vers une finalité de production.
Le semis :
Le semis s’articule principalement entre la manipulation de graines et la préparation de la terre. Que ce semis ait lieu en pleine terre, dans une jardinière ergonomique ou dans des plateaux de germination, il est l’occasion d’observer la différence entre les graines, leur forme, leur taille, leur odeur, leur goût, mais aussi de les reconnaître en les associant à la plante, aux fleurs, aux fruits… qu’elles produiront.
Reconnaître des graines par leur odeur ou par leur goût par exemple.
Il est préférable à ce titre de choisir des semences qui seront de taille suffisante pour en permettre une bonne prise en main, certaines trop fines ou trop petites ne permettront pas cela, d’autres comme les graines de cuccurbitacées, de haricots pourront donner l’occasion d’effectuer un tri.
Préparer des graines et les répartir pour suivre un plan de plantation, est aussi l’occasion d’exercer un repérage spatial entre un plan dessiné sur une feuille blanche et disposé à proximité et l’espace destiné à la culture.
Il se pourrait que l’activité autour des semences s’arrête là, ou qu’après avoir procédé au semis, les jeunes plants qui lèveront seront mis en terre dans un espace potager sans engager une mobilisation des résidents dans le suivi de leur croissance. Il est possible aussi que ce suivi soit effectué de façon plus marginale, car le temps relativement long qui est nécessaire à la croissance des végétaux, ne soit pas compatible avec les capacités cognitives des résidents.
Jeunes plants :
Qu’ils aient été achetés en pépinière ou résultent d’une production de semis, la mise en terre de jeunes plants d’annuelles ou de vivaces sera l’occasion d’organiser une multitude d’activités; pour la programmation desquelles, il faudra tenir compte des dispositions et des préférences des participants.
Cela tout en respectant les bonnes pratiques du jardinage, pourra être l’occasion de collecter les expériences et les habitudes de chacun. Il convient d’éviter de créer un schisme entre les jardiniers expérimentés et les jardiniers débutants, pour rassembler plutôt que séparer.
Ces activités concernent notamment:
– préparation des jeunes plants
– préparation de la terre
– formation d’un plan de plantation
– l’amendement en compost
– choix des outils et de la date de plantation
– mise en terre
– le tuteurage
– la préparation d’étiquettes de repérage et leur implantation
– l’arrosage
– l’association entre différentes essences végétales
– le désherbage
– la reconnaissance végétale
– le paillage (décoratif)
Dans ces activités, il n’est pas nécessaire de se focaliser sur une cible particulière – troubles cognitifs, repérage spatial, troubles du comportement ou autonomie fonctionnelle. Il conviendra avant tout de valoriser une dimension ludique, de plaisir et de partage en organisant des ateliers de courte durée (en moyenne 30 mn)